La liquidation-partage judiciaire est une procédure complexe qui intervient lorsque les indivisaires ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le partage d’un bien. Cette procédure est régie par le Code Civil et le Code de Procédure Civile, et elle est souvent utilisée dans le contexte des successions. Dans cet article, nous allons explorer les étapes clés et les explications nécessaires pour comprendre cette procédure.
Les fondements juridiques
La liquidation-partage judiciaire est basée sur plusieurs articles du Code Civil, notamment l’article 815, qui stipule que nul ne peut être contraint à demeurer en indivision, sauf s’il y a un sursis par jugement ou autrement. L’article 840 précise que le partage judiciaire est nécessaire lorsque l’un des indivisaires refuse le partage amiable, ou lorsqu’il y a des contestations sur la manière de procéder.
Le Tribunal de Grande Instance est compétent pour connaître des actions en partage, notamment en matière de liquidation successorale, et son lieu est déterminé par le domicile du défunt. La procédure implique souvent la désignation d’un notaire pour formaliser l’acte de partage ou la vente des biens par licitation judiciaire si ceux-ci ne sont pas facilement partageables.
Les étapes de la procédure
La procédure de liquidation-partage judiciaire comporte plusieurs étapes cruciales :
Les conditions préalables
Avant de saisir le tribunal, il est essentiel de tenter un partage amiable. Si cela échoue, le demandeur doit justifier des démarches effectuées pour tenter de réaliser un partage amiable, comme le prévoit l’article 1360 du Code de Procédure Civile.
Le demandeur doit également indiquer la consistance du patrimoine à partager et ses prétentions dans l’assignation, à peine d’irrecevabilité.
La saisine du tribunal
Une fois le tribunal saisi, celui-ci peut ordonner l’ouverture des opérations de partage en désignant un notaire pour formaliser l’acte de partage. Si les biens ne sont pas facilement partageables, le tribunal peut décider de procéder à une vente aux enchères judiciaires par licitation.
La licitation est automatique lorsque la division des biens entraînerait une dépréciation, ou si le partage en nature causerait un préjudice aux co-partageants.
La préparation de la vente
La mise en vente d’un bien par licitation nécessite plusieurs préparatifs :
- Dépôt du cahier des charges : Ce document contient les conditions générales de la vente et doit être déposé au greffe.
- Procès-verbal de description : Un huissier de justice doit dresser un procès-verbal détaillé de l’état du bien.
- Visites et diagnostics : Des visites sont organisées pour permettre aux enchérisseurs de voir le bien, et des diagnostics peuvent être annexés au cahier des charges.
- Sommation des indivisaires : Ils doivent être informés au moins un mois avant l’adjudication.
L’adjudication et ses suites
Lors de l’adjudication, le bien est vendu au plus offrant. Après la vente, il y a un délai de surenchère de dix jours, pendant lequel une enchère supérieure au prix de vente initial peut être faite, à condition qu’elle soit d’au moins un dixième de la dernière enchère.
Une fois ce délai écoulé, l’adjudicataire doit consigner le prix entre les mains du notaire désigné. Si l’adjudicataire est l’un des coindivisaires, il peut ne consigner qu’une partie du prix, se réservant de payer le surplus après les opérations de compte et de liquidation.
Les défis et les perspectives

La procédure de liquidation-partage judiciaire est souvent complexe et longue, ce qui peut entraîner des tensions entre les parties. Pour simplifier ces processus, des propositions de loi visant à simplifier la sortie de l’indivision successorale ont été déposées, comme celle de Mme Louise Morel et plusieurs de ses collègues.
Ces initiatives visent à réduire les difficultés pratiques et juridiques rencontrées lors des partages judiciaires, en particulier dans le contexte des successions. La procédure complexe reste la plus utilisée en pratique, selon la Direction des Affaires Civiles et du Sceau (DACS).
Les implications pratiques
La liquidation-partage judiciaire a des implications pratiques importantes pour les indivisaires. Elle permet de résoudre les conflits liés à la gestion et au partage des biens, mais elle peut aussi entraîner des coûts significatifs et des délais importants.
Il est donc crucial de bien comprendre les étapes et les conditions de cette procédure pour naviguer efficacement dans ce contexte juridique complexe. Les notaires et les avocats jouent un rôle clé dans la facilitation de ces processus, en aidant les parties à naviguer dans les différentes étapes légales et à trouver des solutions adaptées à leurs situations spécifiques.
En résumé, la liquidation-partage judiciaire est une procédure essentielle pour résoudre les conflits d’indivision, mais elle nécessite une bonne compréhension des règles juridiques et des étapes à suivre pour éviter les complications et les coûts inutiles.
